On parle de Rochechouart dès le Xe siècle. C’est le berceau d’une famille illustre qui posséda son château jusqu’au XIXe siècle (1836). La cité des vicomtes, aujourd’hui coquette sous-préfecture de la Haute-Vienne, au patrimoine culturel exceptionnel aurait pu s’appeler Rochechavard ou Rochecave.
La cité des vicomtes et comtes, aujourd’hui coquette sous-préfecture de la Haute-Vienne, au patrimoine culturel exceptionnel aurait pu s’appeler Rochechavard ou Rochecave.
En effet, Rochechouart tient son nom de Cavardus qui occupait l’éperon rocheux situé au confluent de la Vayres et de la Graine avant la construction du château fort du XIe siècle par le vicomte Aimery de Limoges, dit Ostofrancus, qui prit le nom d’Aimery de Rochechouart et en devint le premier vicomte.
Selon certains historiens, RocaCavardi fut transformé au fil des siècles et des transcriptions graphiques en Rochechavard (le dernier Chouard serait mort en 1901 d’après les archives nationales) puis Rochechouart.
Rochechouart est une ville pittoresque anciennement fortifiée qui possède un château du XIIIe, XVe et XIXe construit sur un éperon rocheux de brèches météoritiques.
Un évènement extraordinaire de l’histoire de la planète s’est produit sur la région de Rochechouart, il y a de cela … 200 millions d’années.
Une météorite géante d’un kilomètre et demi de diamètre y a fini son voyage à 72000 km/h…
Imaginez le choc, l’explosion gigantesque libérant une énergie équivalente à 14 millions de fois une bombe atomique. Toute vie est détruite dans un rayon de 200 kilomètres, le sous-sol est profondément bouleversé par le choc et la fusion. La zone d’impact s’étend sur un diamètre de 20 kilomètres où sont installés aujourd’hui les villes et les villages autour de Rochechouart.
De la force de cette explosion, la Météorite n’a pas survécu, mais sa fusion avec les roches terriennes a donné naissance à des pierres uniques et rares, les brèches d’impact. Leurs teintes variées selon les degrés de fusion, du jaune au vert, au rouge donnent une identité originale au patrimoine bâti local.
Depuis toujours l’homme a utilisé ces pierres uniques nées de la rencontre du ciel et de la Terre pour construire son habitat. Des gallo-romains dont les thermes de Chassenon sont dans un remarquable état de conservation, à l’église au clocher tors et au Château de Rochechouart, jusqu’aux maisons du XXème siècle.
Aujourd’hui seules les roches gardent la mémoire de cette histoire unique en France, les paysages présentent d’agréables vallonnements verdoyants où il fait bon vivre.
Contexte géologique
Le cycle orogénique hercynien, dont est issu le Massif-Central s’achève au début du Trias (-240 millions d’années). A la fin de cette époque, le supercontinent, La Pangée, va commencer à se fragmenter. C’est probablement à ce moment là que les océans Atlantique et Indien s’ouvrent.
Au Jurassique, les massifs hercyniens sont bien aplanis sous l’action de l’érosion. Il forment alors des pénéplaines. A cette époque, la mer commence à progresser sur ces plates-formes littorales.
La mer Jurassique va se retirer pour laisser la place à une couche de sédiments qui recouvre entièrement le cratère et ses impactites. Puis, l’orogenèse alpine va s’amorcer. Parmi les changements qu’elle va entraîner, il y a le soulèvement et le basculement du Massif-central. L’érosion se fait très intense et arrache peu à peu la couverture sédimentaire d’âge Jurassique. Ce phénomène poursuit son oeuvre en érodant sérieusement la couche des impactites.
Aujourd’hui, notre site situé en bordure Nord-Ouest du Massif central voit affleurer ici et là des lambeaux d’impactites.
A côté de ces impactites, la géologie de la région nous permet de voir des roches métamorphiques cristallophyliennes ( gneiss, micaschistes, leptynites), des roches plutoniques ( granite) et des roches filoniennes (microgranites).
D’un point de vue tectonique, on peut distinguer des grandes failles sub-verticales considérées pour la plupart comme étant postérieures à l’impact et des failles sub-horizontales interprétées comme conséquences directes de l’impact ( ces dernières ont participées aux mouvements de réajustement du cratère).
Une découverte récente… Des scientifiques, ces roches ne seront connues qu’au début du XIX siècle. En effet, grâce à la volonté politique du moment, un recensement pluriel fut entrepris sur toute la France. Des groupes de minéralogistes furent intégrés aux groupes de travail qui sillonnèrent toutes les régions françaises. Au début de ce siècle, ne sachant pas comment expliquer la formation de cette roche, ils ne purent constater que cette bizarrerie de la nature.
Détails d’un échantillon de brèche type Montoume, photo Association Pierre de Lune.
Il faut attendre des travaux plus récents pour commencer à voir poindre la vraie identité de ces roches.
Après avoir été expliquées par le biais du volcanime, du plutonisme, du sédimentaire, ces roches trouvèrent enfin leur vraie origine grâce aux recherches de François Kraut. Avec l’appui des travaux américain et allemand, il put avancer une nouvelle hypothèse à la fin des années 60, celle du métamorphisme de choc.
L’astroblème de Rochechouart – Chassenon ( ou cratère fossile) se situe à la fois en Limousin et en Poitou-Charentes. Ainsi, deux régions ont le privilège de s’étendre en partie sur un site météoritique.
De la structure même du cratère il ne reste pas grand chose en apparence. La principale richesse et l’originalité de ce site s’observe en particulier dans son patrimoine bâti.
Ces roches spécifiques à la région de Rochechouart et des environs sont connues de la population depuis des siècles. Pour s’en rendre vraiment compte, il suffit de regarder les maisons, les églises, le petit patrimoine, qui témoignent de cette utilisation. La plus ancienne construction qui utilise ce matériau est le site des thermes Gallo-romain de Chassenon, édifice daté du Ier siècle après J.C.
Depuis des siècles, l’homme a utilisé les richesses locales, c’est à dire ce matériau né de la rencontre du ciel et de la Terre. Ces brèches d’impact se retrouvent partout et sur une surface qui équivaut à peu près à 250 km².
Vous serez surpris par les teintes et le charme qui se dégage de notre territoire d’exception, à mi-chemin entre la Haute-Vienne et la Charente.
Texte et photo : Association Pierre de Lune Espace météorite
Dressé sur un promontoire rocheux au confluent de la Vayres et de la Graine, le château des Vicomtes de Rochechouart est le reflet de la puissance de ses bâtisseurs.
Les constructions ont débuté au XIIIème siècle avec le donjonn et le pont-levis qui rappellent encore aujourd’hui les systèmes de défenses militaires de l’époque.
Bien que le château soit devenu, avec ses transformations, plus confortable, son occupation n’a duré que peu d’années.
Le département achète le château en 1836 et entreprend sa restauration à l’identique. Il y installe diverses administrations et les appartements sous-préfectoraux.
Le château abrite actuellement le Musée Départemental d’Art contemporain.
Il fut agrandi et embelli au cours des siècles par les familles qui l’occupèrent. Au XV ème siècle, c’est un corps de logis spacieux de style Renaissance, qui lui a porté toute son ornementation, ses façades élégantes et harmonieuses. La galerie à arcades et colonnes torses de la cour intérieure, date de cette période.
Au XVII ème, XVIII ème siècles, des bâtiments sont construits en équerre, au niveau de l’actuelle place de l’Hotel de Ville.
Eglise Saint-Sauveur
L’abbaye de Charroux a créé au IX ème siècle à l’emplacement de l’église actuelle, un prieuré.
Consacrée en 1060 ou 1067, l’église Saint Sauveur est un témoin exceptionnel pour l’étude de l’art roman du XIème siècle, dans toute sa pureté et son austérité. Elle a subi au XIII ème siècle d’importantes transformations au niveau du chœur et de la façade sud, avec la construction du portail de type limousin.
A la fin du XVème siècle fut élevée une élégante tour octogonale que vint coiffer une étonnante et superbe flèche hélicoïdale datant de la fin du 18ème siècle (1767-1774).
Les flèches de ce modèle sont rares, et beaucoup de personnes expliquent cette forme par de nombreuses légendes…
A l’intérieur, les fresques du 15ème siècle et les peintures murales furent réalisées par Grechny en 1969.
Eglise Saint-Julien de Brioude
Village de Biennac à 2kms de Rochechouart
Edifiée au XI ème, XIII ème et XVIII ème siècle cette église romane est un exemple de l’architecture de transition du Roman (nef et chœur) au Gothique (voûte).
L’importance d’une telle église dans ce petit village est le fait que Biennac fut le chef lieu d’une paroisse (jusqu’au XVIII ème siècle) dont dépendait Rochechouart.
Le croisillon nord est une magnifique réalisation fait de blocs de granit.
Les combles avaient été aménagées défensivement pour se prémunir des invasions anglaises. Autel, statues et bénitier sont en granit.
Dans la sacristie, on peut admirer un magnifique chasublier du XVIII ème.
Une épidémie, « le mal des ardents », décimait la région. Dans un grand élan de foi, en présence d’évêques et de seigneurs venus de toute l’Aquitaine, avec un immense concours du peuple, les reliques de Saint Martial , premier évêque de Limoges, furent portées en procession. Les prières furent exaucées et l’épidémie cessa.
A la suite, en d’autres cités du diocèse, eurent lieu en diverses circonstances des ostensions pour honorer les saints locaux ou saints patrons des paroisses. Ces ostensions devinrent septennales à partir de 1512. Les Limousins ont respecté la tradition depuis cette date.
Les ostensions limousines sont inscrites au Patrimoine Culturel Immatériel de l’UNESCO
Depuis 1852, à Rochechouart, on honore particulièrement Saint- Julien de Brioude, patron de la paroisse. Julien, soldat romain du IIIème siècle, fut martyrisé pour sa foi à Brioude (Auvergne) et il devint l’un des saints les plus célèbres de la Gaule.
Rochechouart associe a ses ostensions, Saint- Paul Serge de Narbonne dont une partie de la sépulture aurait été découverte dans l’église Saint- Sauveur. Un hommage particulier est aussi rendu au Cardinal Simon de Cramaud, né au village de Cramaud. Il fut patriarche d’Alexandrie, grand commis de la royauté, administrateur de nombreux diocèses et il participa activement à la résolution du schisme du 15ème siècle.
Rochechouart se transforme à l’occasion des ostensions. La ville se couvre de drapeaux, de verdure et de fleurs. Le sacré et le profane se donnent la main pour magnifier la cité qui sert d’écrin à une somptueuse procession en l’honneur des saints.